À combien peut s’estimer une œuvre d’André Franquin ? Dessin original, planche de Spirou, illustration de Gaston Lagaffe ou même sculpture : chaque support possède sa propre valeur sur le marché de l’art. Cette page vous donne tous les repères pour comprendre la cote de Franquin et faire estimer votre œuvre par un commissaire-priseur.
Cote, valeur et estimation des œuvres d’André Franquin (1924-1997)
Figure emblématique de la bande dessinée franco-belge, André Franquin a marqué des générations de lecteurs avec ses personnages emblématiques comme Gaston Lagaffe, Spirou, Marsupilami ou encore Modeste et Pompon. Mais au-delà de la BD, son travail est aujourd’hui activement recherché par les collectionneurs et amateurs d’art graphique. Comment s’évalue une œuvre de Franquin ? Quels sont les prix selon les supports ? Voici un guide complet pour comprendre la valeur des œuvres de Franquin.
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Dessins originaux et planches de bande dessinée
Le cœur du marché pour Franquin repose sur ses dessins originaux, en particulier les planches de Spirou et Gaston Lagaffe. Plus le personnage est emblématique et la planche réussie graphiquement, plus la valeur grimpe.
- Planches originales de Gaston Lagaffe : entre 15 000 et 80 000 euros, selon l’époque, la qualité graphique et l’humour de la scène.
- Planches originales de Spirou : entre 10 000 et 60 000 euros, avec une demande forte pour les pages incluant Fantasio, Zorglub ou le Marsupilami.
- Dessins isolés : entre 3 000 et 25 000 euros selon leur taille, l’encre, la présence de personnages iconiques et la rareté.
Illustrations et travaux publicitaires
Franquin a réalisé des illustrations hors BD, souvent pour des couvertures, des affiches ou des catalogues. Ces œuvres, moins connues du grand public, sont très recherchées pour leur liberté graphique.
- Illustrations couleurs originales : entre 5 000 et 30 000 euros.
- Affiches signées ou annotées : entre 1 000 et 6 000 euros, selon la provenance.
Estampes, tirages numérotés et portfolios
Des éditeurs ont publié des portfolios ou estampes limitées d’après Franquin, parfois signées par l’artiste. Ces œuvres, plus accessibles, permettent à de jeunes collectionneurs d’acquérir une pièce de l’univers de Franquin.
- Estampes signées et numérotées : entre 800 et 3 000 euros selon le tirage, le sujet et l’état.
- Portfolios complets : entre 2 000 et 10 000 euros.
Sculptures et figurines
Quelques sculptures ont été réalisées d’après les personnages de Franquin, souvent en collaboration avec des sculpteurs ou éditeurs de figurines de collection.
- Sculptures de collection (Marsupilami, Gaston…) : entre 500 et 6 000 euros selon la taille, le tirage et la qualité d’exécution.
- Pièces uniques ou prototypes : peuvent atteindre 10 000 euros ou plus.
Critères qui influencent la valeur
- Authenticité : présence d’une signature, d’un certificat, ou d’une provenance fiable.
- Personnage représenté : Gaston et le Marsupilami sont les plus recherchés.
- Technique : encre de Chine, aquarelle, gouache ou crayon.
- Période : les années 1950-1970 sont particulièrement recherchées.
André Franquin (1924-1997) : Une vie au service du dessin et de l’humour
André Franquin est né le 3 janvier 1924 à Etterbeek, en Belgique. Sa jeunesse est marquée par une passion précoce pour le dessin. Il intègre l’Institut Saint-Luc à Bruxelles où il reçoit une formation artistique classique, mais il quitte rapidement l’école pour entrer dans le monde professionnel. Sa carrière débute réellement au début des années 1940, au sein du studio CBA, où il rencontre ses futurs confrères Will, Morris et Peyo.
En 1945, il est repéré par Joseph Gillain, alias Jijé, alors figure tutélaire de la BD belge. Celui-ci lui confie la suite de la série Spirou et Fantasio, dont Franquin reprendra les rênes jusqu’en 1968. Il y introduit de nouveaux personnages devenus cultes, tels que le Marsupilami, Zorglub ou encore Seccotine. C’est dans ces pages que Franquin affirme son style, à la fois dynamique, expressif, fluide, et porteur d’une énergie visuelle hors norme.
En 1957, il crée Gaston Lagaffe, anti-héros paresseux, nonchalant et gaffeur, qui devient une icône de la BD d’humour et un reflet satirique de la société de bureau. Gaston est le fruit d’une liberté graphique et scénaristique rare : Franquin y expérimente le comique de situation, les inventions absurdes et une narration de plus en plus déliée.
Dans les années 1970, Franquin quitte Dupuis pour rejoindre le journal Fluide Glacial. Il y publie les Idées Noires, série grinçante où il exprime une vision plus sombre et engagée du monde, en contraste avec l’humour bon enfant de ses débuts. Ces planches en noir et blanc, réalisées à l’encre de Chine, sont aujourd’hui très prisées.
Franquin était aussi un perfectionniste. Il retravaillait sans cesse ses planches, accordant une importance capitale à l’expressivité des visages, au mouvement, aux décors fournis, et au rythme de lecture. Son influence est immense : de nombreux auteurs contemporains de BD, de Zep à Lewis Trondheim, revendiquent son héritage.
André Franquin a également participé à la modernisation du langage de la BD. Il introduit des onomatopées visuelles, travaille les silences, joue avec la typographie, et développe un sens du tempo qui influencera toute la bande dessinée européenne.
Il passe les dernières années de sa vie entre le sud de la France et Bruxelles, poursuivant son travail de dessinateur jusqu’à la fin. Il meurt le 5 janvier 1997, deux jours après son 73e anniversaire. Il laisse une œuvre riche, à la fois drôle, poétique, caustique et terriblement humaine.
Franquin est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands maîtres de la bande dessinée européenne. Ses planches sont conservées dans des collections publiques et privées, et continuent d’inspirer générations et marchés. Le marché de l’art reconnaît pleinement son talent, et ses œuvres figurent parmi les plus prisées du 9e art.
