Vous possédez un tableau intimiste, un dessin ou une estampe d’Édouard Vuillard ? Artiste majeur du mouvement Nabi, Vuillard a laissé une œuvre riche et prisée, entre modernité et tradition. Mais à combien s’estime aujourd’hui une œuvre de Vuillard sur le marché de l’art ? Ce guide vous apporte toutes les réponses pour comprendre la cote actuelle de l’artiste.
Cote, valeur et estimation des œuvres d’Édouard Vuillard
Artiste phare de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, Édouard Vuillard est reconnu pour ses scènes d’intérieurs et ses portraits intimistes, souvent baignés d’une lumière tamisée. Ses œuvres, rares sur le marché, suscitent l’intérêt des collectionneurs et institutions. Dessins, peintures, estampes : chaque support possède une cote distincte. Voici un état des lieux du marché Vuillard.
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Peintures : les œuvres les plus cotées d’Édouard Vuillard
Les peintures à l’huile de Vuillard, en particulier celles de la période Nabi (années 1890-1900), sont très recherchées. Elles représentent souvent des scènes d’intérieur, sa mère dans l’atelier, ou encore des portraits intimistes dans un style décoratif très reconnaissable.
- Petite huile sur panneau ou carton : entre 40 000 € et 120 000 €
- Peinture sur toile de format moyen : entre 100 000 € et 400 000 €
- Grand format, sujet emblématique ou œuvre de commande : entre 500 000 € et 1 500 000 €
La provenance et la date de création influencent fortement la valeur : les œuvres des années 1890-1905 ont tendance à être les plus prisées.
Dessins et pastels : subtilité et raffinement graphique
Édouard Vuillard a laissé de nombreux dessins au crayon, à l’encre ou au fusain, ainsi que des pastels de grand raffinement. Ces œuvres sur papier sont très collectionnées, en particulier lorsqu’elles témoignent de son univers quotidien.
- Dessin préparatoire ou esquisse : entre 2 000 € et 6 000 €
- Pastel abouti ou dessin autonome : entre 10 000 € et 30 000 €
Les portraits à la sanguine ou les scènes de théâtre atteignent parfois des prix plus élevés, notamment s’ils sont datés, signés et en bon état de conservation.
Estampes et lithographies : une entrée plus accessible dans l’univers Vuillard
Édouard Vuillard s’est essayé à l’estampe, notamment à la lithographie dans les années 1890, en lien avec les milieux symbolistes et le renouveau de l’affiche artistique. Bien que sa production soit moins volumineuse que celle de Bonnard, ses estampes ont une belle valeur décorative.
- Lithographies en noir ou en couleur : entre 800 € et 3 500 € selon le tirage et la rareté
Les œuvres publiées dans la revue *La Revue Blanche* ou en collaboration avec les Nabis peuvent atteindre des prix plus élevés si elles sont bien conservées et encadrées d’origine.
Œuvres décoratives et panneaux peints : raretés très convoitées
Vuillard a réalisé plusieurs panneaux décoratifs pour des demeures privées ou des théâtres. Ces œuvres de grand format, souvent commandées par la bourgeoisie parisienne, sont aujourd’hui rares sur le marché.
- Panneau décoratif signé : de 200 000 € à plus d’1 million € selon le cycle et la provenance
Leur estimation nécessite une expertise très poussée, en raison de leur caractère monumental, de leur état de conservation, et de leur historique.
Tableau récapitulatif de la cote par type d’œuvre
Type d’œuvre | Plage de prix estimative | Remarques |
---|---|---|
Peinture à l’huile | 40 000 € à 1 500 000 € | Les œuvres Nabis sont les plus recherchées |
Pastel ou dessin abouti | 10 000 € à 30 000 € | Signé, daté et encadré = plus de valeur |
Esquisse ou étude | 2 000 € à 6 000 € | Valeur sensible à la provenance |
Estampe ou lithographie | 800 € à 3 500 € | Plus rare que Bonnard, donc très prisé |
Panneau décoratif | 200 000 € à 1 200 000 € | Très rares sur le marché |
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Édouard Vuillard (1868-1940) : une vie entre intimité, modernité et raffinement
Édouard Vuillard est l’un des peintres les plus délicats et personnels de la fin du XIXe siècle. Proche de Bonnard et des Nabis, il développe un langage pictural singulier fait de motifs feutrés, de lumière diffuse et de scènes intimistes. Portraitiste de la bourgeoisie cultivée, décorateur d’intérieur, chroniqueur silencieux de son temps, Vuillard laisse une œuvre cohérente et profondément française, entre symbolisme et modernité.
Une jeunesse entre artisanat et aspirations artistiques
Né en 1868 à Cuiseaux, dans une famille modeste, Vuillard grandit à Paris dans l’atelier de couture tenu par sa mère, veuve. Cette enfance marquée par les étoffes, les gestes répétitifs de la couture, les intérieurs silencieux, influencera profondément son œuvre. Il intègre l’École des Beaux-Arts, puis l’Académie Julian, où il rencontre Bonnard, Vallotton, Denis et Roussel. Ensemble, ils fondent le groupe des Nabis, en quête d’un art décoratif, synthétique et symbolique.
Le tournant Nabi (1888-1900) : ornement et spiritualité
Influencé par les estampes japonaises, Gauguin et le symbolisme, Vuillard renonce à la perspective classique et développe une peinture plane, décorative, faite d’aplats et de motifs. Il représente alors sa mère, ses sœurs, ses amis, dans des scènes d’intérieur plongées dans la pénombre, aux couleurs profondes. Sa peinture devient une forme de méditation sur la vie domestique, l’intimité, le silence.
Il réalise également des décors pour le théâtre (notamment pour Lugné-Poe), des panneaux décoratifs pour des mécènes comme les Natanson. L’art de Vuillard à cette époque dépasse le simple tableau : il est mural, symbolique, immersif.
Un style plus réaliste et une carrière officielle (1900-1930)
À partir de 1900, Vuillard s’éloigne de l’esthétique Nabi. Les commandes de portraits se multiplient, en particulier dans les milieux bourgeois et intellectuels parisiens. Il développe alors une peinture plus naturaliste, avec une grande attention portée aux visages, aux postures, aux intérieurs raffinés. Il peint Misia Natanson, Lucien Guitry, Jos Hessel, et d’innombrables salons cossus.
Malgré ce virage, il conserve une attention constante au décor : rideaux, papiers peints, tapisseries, mobilier. Chaque détail est une part du portrait. Vuillard devient alors un chroniqueur de la société cultivée de la Belle Époque et de l’entre-deux-guerres.
Les grands décors et la reconnaissance officielle
Vuillard reçoit plusieurs commandes publiques majeures : pour la Bibliothèque nationale, le Palais de Chaillot, ou encore la Société des Nations à Genève. Il est élu à l’Académie des Beaux-Arts en 1938. Pourtant, il demeure discret, vivant longtemps auprès de sa mère, puis reclus dans son appartement parisien.
Un peintre de l’intime jusqu’au bout
La dernière décennie de sa vie voit le retour à une peinture plus dépouillée, plus méditative. Il peint encore quelques portraits, de plus en plus intériorisés. Il meurt en 1940 à La Baule, alors qu’il s’était replié pour fuir la guerre. Sa disparition passe presque inaperçue dans le tumulte de l’époque.
Postérité : une œuvre redécouverte et réévaluée
Longtemps éclipsé par son ami Bonnard, Vuillard bénéficie d’une importante réévaluation depuis les années 1980. Les musées du monde entier conservent ses œuvres, et les collectionneurs redécouvrent sa sensibilité unique. Vuillard incarne un art de vivre, une attention à l’humain et à l’espace, une forme de peinture silencieuse, subtile et profondément moderne.
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