À combien peut s’estimer une œuvre de Ettore Sottsass aujourd’hui ? Qu’il s’agisse d’un meuble design iconique, d’un dessin préparatoire, d’une sculpture en céramique ou d’un bijou, chaque pièce du célèbre designer et artiste italien possède sa propre valeur. Cette page vous permet de mieux comprendre la cote de Sottsass, selon le type d’œuvre et les tendances actuelles du marché.
Faites estimer gratuitement votre œuvre de Ettore Sottsass par un commissaire-priseur qualifié.
—
Cote, valeur et estimation des œuvres de Ettore Sottsass (1917-2007)
Designer, architecte, céramiste, dessinateur et sculpteur, Ettore Sottsass a laissé une œuvre pluridisciplinaire, profondément marquée par les avant-gardes italiennes du XXe siècle. Son influence sur le design d’après-guerre est immense, notamment via le mouvement Memphis qu’il fonde au début des années 1980. Aujourd’hui, ses créations iconiques sont recherchées aussi bien par les amateurs de design que par les collectionneurs d’art contemporain.
Faites estimer gratuitement votre œuvre de Ettore Sottsass via notre formulaire en ligne.
—
Les meubles et objets de design : des pièces maîtresses du marché
Les créations de mobilier signées Ettore Sottsass sont les plus cotées sur le marché. On y retrouve notamment les œuvres issues de la période Memphis (1981–1987), comme la célèbre bibliothèque Carlton ou les meubles Candil, Oceanic ou Adesso Pero. Ces pièces, reconnaissables à leurs formes géométriques audacieuses et à leurs couleurs pop, sont devenues emblématiques du design postmoderne.
- Meubles Memphis originaux : entre 10 000 € et 70 000 € selon la rareté et l’état.
- Petits meubles édités (tables, lampes, chaises) : entre 4 000 € et 25 000 €.
- Éditions limitées ou prototypes : jusqu’à 80 000 € ou plus.
—
Sculptures en céramique : un marché en plein essor
Sottsass a produit une œuvre céramique abondante, en particulier à partir des années 1950, notamment avec les séries réalisées à Bitossi. Ses sculptures en grès ou faïence, souvent abstraites ou totémiques, sont aujourd’hui très recherchées. Elles combinent esthétique brute et raffinement conceptuel.
- Sculptures céramiques des années 1950-1960 : entre 3 000 € et 15 000 €.
- Pièces Memphis ou années 1980-1990 : entre 6 000 € et 30 000 €.
—
Dessins, aquarelles et œuvres sur papier
Les dessins de Sottsass offrent une entrée plus abordable dans son univers. Ils peuvent être conceptuels (croquis d’objets ou de meubles), décoratifs (gouaches colorées) ou méditatifs (séries sur le paysage ou l’intériorité). Certains sont uniques, d’autres produits en petites séries.
- Dessins préparatoires signés : entre 1 000 € et 5 000 €.
- Aquarelles et gouaches originales : entre 2 000 € et 8 000 €.
—
Bijoux et objets personnels : un marché de niche mais actif
Sottsass a également dessiné des bijoux, parfois édités en très petites séries. Colliers, broches, bagues ou pendentifs, souvent réalisés en plastique, en verre ou en métal, séduisent les collectionneurs de design expérimental. Leur valeur dépend fortement de la rareté et de l’origine.
- Bijoux uniques ou prototypes : entre 2 000 € et 10 000 €.
- Éditions Memphis ou collaborations : entre 1 000 € et 6 000 €.
—
Photographies et éditions multiples
Enfin, certaines photographies prises par Sottsass ou éditions d’art (lithographies, portfolios, objets édités) circulent sur le marché. Ces œuvres, plus rares, intéressent un public averti.
- Photographies originales signées : entre 1 000 € et 4 000 €.
- Éditions multiples Memphis : entre 800 € et 5 000 €.
—
Critères influençant la valeur d’une œuvre de Ettore Sottsass
Comme pour tout artiste, l’estimation d’une œuvre de Sottsass dépend de plusieurs éléments :
- L’authenticité : une pièce avec certificat ou documentation est toujours valorisée.
- La rareté : les éditions limitées, prototypes ou pièces uniques atteignent des prix bien plus élevés.
- La période : les œuvres des années 1980, et notamment celles du groupe Memphis, sont les plus recherchées.
- L’état de conservation : essentiel pour les céramiques, dessins ou pièces de mobilier fragiles.
- La provenance : une œuvre issue d’une collection réputée ou d’une exposition historique peut générer une forte demande.
—
—
Ettore Sottsass (1917-2007) : biographie complète d’un visionnaire du design
Les débuts d’un architecte hors norme
Né à Innsbruck en 1917 dans une famille italienne, Ettore Sottsass grandit à Turin, où son père, lui-même architecte moderniste, l’initie aux principes du rationalisme italien. Il étudie l’architecture au Polytechnique de Turin et obtient son diplôme en 1939, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.
Mobilisé, puis fait prisonnier durant le conflit, Sottsass revient profondément marqué par cette expérience. À la fin de la guerre, il s’installe à Milan, où il fonde son propre atelier en 1947. Dans l’Italie d’après-guerre, il participe à l’effervescence de la reconstruction, mais se montre rapidement critique vis-à-vis du fonctionnalisme pur et dur promu par les rationalistes.
De l’architecture au design industriel
Dans les années 1950, Sottsass s’engage dans le design industriel. Il rejoint Olivetti en 1958 comme consultant, et conçoit plusieurs machines emblématiques dont la fameuse machine à écrire Valentine (1969), aujourd’hui icône du design pop. Il révolutionne alors le rapport au design en s’éloignant de l’austérité moderniste pour proposer des objets colorés, expressifs, émotionnels.
Il voyage aussi énormément, notamment en Inde, au Népal et aux États-Unis. Ces séjours influencent profondément sa pensée, le poussant à intégrer spiritualité, symbolisme et rituel dans ses créations. Il déclare : « Ce n’est pas l’objet qui m’intéresse, mais la vie qu’on peut inventer autour. »
Le manifeste Memphis : subversion et liberté
En 1981, il fonde à Milan le groupe Memphis, rassemblant de jeunes designers (dont Nathalie du Pasquier, Michele De Lucchi…) avec l’objectif de libérer le design de ses contraintes modernistes. Leur première exposition choque le monde du design avec des meubles exubérants, faits de stratifié coloré, de formes géométriques fragmentées et d’allusions kitsch. Une révolution postmoderne est en marche.
Le succès est immédiat, et Memphis devient une référence internationale. Sottsass, alors sexagénaire, devient une figure charismatique d’une nouvelle génération qui pense le design comme un terrain d’expression artistique et politique. Toutefois, il quitte le collectif en 1985, estimant avoir mené à terme cette aventure provocatrice.
La maturité artistique et l’agence Sottsass Associati
En 1980, Sottsass fonde son agence Sottsass Associati, qui lui permet de développer des projets plus ambitieux : architecture, mobilier, design d’intérieur, muséographie. Il collabore avec de nombreuses entreprises, conçoit des intérieurs de boutiques, d’hôtels ou de résidences privées, tout en continuant ses recherches personnelles sur la céramique, le dessin et la sculpture.
Son travail devient plus introspectif à partir des années 1990, influencé par la notion de rituel et par une recherche de spiritualité. Il développe des séries de totems en céramique, des autels miniatures, des dessins presque méditatifs. Jusqu’à sa mort en 2007, il reste actif, libre, inclassable.
Un héritage immense et toujours vivant
L’œuvre d’Ettore Sottsass échappe aux catégories : tour à tour designer industriel, architecte, plasticien, théoricien, il a sans cesse réinventé sa pratique. Son impact sur le design contemporain est immense. Son vocabulaire formel audacieux, sa philosophie humaniste et son rejet du conformisme en font une figure tutélaire pour de nombreux créateurs contemporains.
Ses meubles, ses céramiques et ses dessins figurent dans les collections des plus grands musées (MoMA, Centre Pompidou, Vitra Design Museum…). Le marché de l’art reflète aujourd’hui cet engouement avec une demande soutenue pour ses œuvres les plus emblématiques.
À la fois artiste et penseur, Ettore Sottsass a redonné au design une dimension poétique et existentielle. « Le design, disait-il, est une façon de discuter la vie. » Cette vie qu’il a tant aimée, il l’a traduite en formes, en couleurs et en idées, qui continuent de nourrir l’imaginaire de notre époque.
—
