Vous possédez une sculpture ou un dessin signé Eugène Dodeigne et souhaitez en connaître la valeur ? La cote de cet artiste majeur de la sculpture française varie fortement selon les matériaux, les dimensions et la période de création. Ce guide vous donne toutes les clés pour comprendre les critères d’estimation. Bénéficiez également d’une expertise gratuite et confidentielle.
Cote, valeur et estimation des œuvres de Eugène Dodeigne (1923–2015)
La cote d’Eugène Dodeigne repose sur une œuvre profondément sculpturale, ancrée dans la matière et dans le Nord de la France. Qu’il travaille le granit, la pierre bleue ou la terre, ses figures taillées présentent une force expressive qui séduit collectionneurs, amateurs et institutions. Depuis plusieurs décennies, ses œuvres sont régulièrement présentées sur le marché, avec des prix variables selon le support, la période et le format.
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Sculptures en pierre : le cœur de l’œuvre de Dodeigne
La majeure partie de l’œuvre d’Eugène Dodeigne est sculptée dans la pierre, principalement dans la pierre bleue du Hainaut et le granit. Ces figures, parfois monumentales, dégagent une puissance primitive. Il s’agit généralement de personnages stylisés, debout ou assis, taillés à vif avec des traces d’outils visibles. Ce travail brut plaît particulièrement aux amateurs de sculpture d’après-guerre.
- Petites sculptures en pierre (moins de 50 cm) : entre 5 000 € et 12 000 €
- Sculptures moyennes (entre 50 cm et 1,20 m) : entre 12 000 € et 35 000 €
- Œuvres monumentales (au-delà de 1,50 m) : de 40 000 € à plus de 100 000 €
Sculptures en bronze : des éditions plus rares
Bien que la pierre soit son médium de prédilection, Eugène Dodeigne a également réalisé quelques sculptures en bronze, souvent tirées à 6 ou 8 exemplaires. Ces œuvres, plus rares sur le marché, reprennent les formes anguleuses et figées de ses pierres, mais avec une patine travaillée.
- Bronzes de petit format : entre 6 000 € et 15 000 €
- Bronzes de format moyen ou monumental : entre 20 000 € et 50 000 €
Dessins, encres et lavis
À côté de ses sculptures, Dodeigne laisse une production graphique importante. Il s’agit de dessins préparatoires ou d’œuvres autonomes, représentant des figures humaines ou des compositions abstraites très gestuelles. Réalisés au fusain, à l’encre ou au lavis, ces travaux sur papier séduisent par leur intensité expressive.
- Dessins au fusain ou à l’encre : entre 800 € et 3 000 € selon la taille et la qualité
- Encres signées, datées, bien conservées : entre 1 500 € et 5 000 €
Peintures et œuvres sur toile
Plus anecdotiques dans son parcours, les peintures de Dodeigne sont rares. Elles prolongent cependant les recherches formelles de ses sculptures, avec une matière dense et rugueuse, des couleurs sombres, et un traitement sculptural de la surface.
- Toiles signées de petit format : entre 2 000 € et 5 000 €
- Grandes compositions : entre 6 000 € et 12 000 €
Quels critères influencent la valeur d’une œuvre de Dodeigne ?
La valeur d’une œuvre de Eugène Dodeigne dépend de plusieurs facteurs :
- Le matériau utilisé : la pierre bleue est la plus caractéristique et la plus prisée.
- La taille de l’œuvre : les sculptures monumentales se vendent à des prix nettement plus élevés.
- La période de création : les œuvres des années 1960-1970 sont particulièrement recherchées.
- La provenance : une œuvre issue d’une collection prestigieuse ou accompagnée d’un certificat d’authenticité verra sa valeur renforcée.
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Un sculpteur philosophe : la lenteur comme méthode
Derrière l’apparente rudesse de son œuvre, Dodeigne est un artiste profondément méditatif. Il ne conçoit pas la sculpture comme un objet décoratif, mais comme un acte presque rituel, lié à la lenteur, à la résistance du matériau, et à une forme de présence au monde. Son processus créatif est long, souvent silencieux : il contemple la pierre, attend qu’elle « parle », puis agit par soustraction, comme un archéologue dégagerait une figure enfouie dans le roc.
Il déclarait souvent que la sculpture devait « peser », non seulement physiquement, mais spirituellement. Cette approche, qui va à l’encontre de la production contemporaine rapide et parfois superficielle, séduit aujourd’hui de nouveaux collectionneurs en quête d’authenticité. Chez Dodeigne, l’acte de sculpter est indissociable d’un rapport au temps, à la durée, à la mémoire.
Relations artistiques et influences souterraines
Bien qu’il ait toujours préféré la solitude de son atelier aux cénacles parisiens, Eugène Dodeigne n’était pas isolé pour autant. Il a entretenu des relations suivies avec d’autres artistes du Nord, comme Alfred Manessier ou Eugène Leroy, partageant avec eux une même recherche de densité plastique et une approche spirituelle de la matière. Il est également proche, dans l’esprit, de sculpteurs européens comme Baltasar Lobo, Étienne Hajdu ou Giuseppe Penone, qui travaillent la forme humaine avec retenue et intériorité.
On décèle aussi dans son travail des résonances avec la sculpture archaïque, romane ou cycladique, ainsi qu’un goût pour les arts africains et océaniens, dont il admire la force condensée. Ces influences ne sont jamais explicites, mais elles traversent l’œuvre comme des strates souterraines, participant à sa profondeur.
Transmission et reconnaissance posthume
Jusqu’à la fin de sa vie, Dodeigne a accueilli dans son atelier des élèves, des jeunes artistes, des passionnés venus l’écouter parler de la pierre, du silence, du sacré dans l’art. S’il n’a jamais fondé d’école à proprement parler, son influence se fait sentir chez de nombreux sculpteurs contemporains qui revendiquent une approche « lente », respectueuse des matériaux et du temps.
Depuis sa disparition, plusieurs institutions ont remis en lumière son travail. Des expositions muséales, des publications critiques et des monographies illustrées lui sont consacrées. Son œuvre connaît un regain d’intérêt, tant du côté du marché de l’art que de la recherche académique. Elle est aujourd’hui étudiée non seulement pour sa force formelle, mais aussi pour sa portée philosophique et existentielle.
Des fondations et associations locales, souvent initiées par ses proches, veillent à la conservation et à la diffusion de son héritage. De nouvelles générations de collectionneurs découvrent, dans ses sculptures massives et muettes, un antidote à la frénésie numérique, un retour à la matière, au poids, à la trace.
Conclusion : une œuvre debout
À l’instar de ses figures humaines dressées dans la pierre, l’œuvre de Dodeigne se tient debout dans le paysage artistique du XXe siècle. Elle refuse les compromis, ne cherche pas la séduction facile, mais interpelle par sa force intérieure. Loin du vacarme et des effets de mode, elle impose le silence, la densité, la permanence. Posséder une œuvre de Dodeigne, c’est inviter dans son espace un fragment du monde, taillé dans le roc, porteur d’une mémoire millénaire et d’un regard sur l’homme – grave, retenu, essentiel.

