Combien vaut une œuvre de Henri Matisse ? Peinture, dessin, estampe ou sculpture : chaque médium possède sa propre cote. Découvrez dans ce guide complet les clés pour comprendre la valeur des œuvres de Matisse selon leur support, les critères d’évaluation, et les tendances du marché. Vous possédez un dessin ou une toile du maître du fauvisme ? Nos commissaires-priseurs vous aident à en connaître la valeur réelle.
Cote, valeur et estimation des œuvres de Henri Matisse (1869–1954)
Henri Matisse est l’une des figures majeures de l’art moderne, dont la renommée ne cesse de croître sur le marché de l’art. Ses œuvres, qu’elles soient peintes, dessinées, sculptées ou imprimées, sont recherchées par les collectionneurs du monde entier. La diversité de sa production implique une grande variété de prix selon le support, la période, la technique et l’état de conservation.
Peintures : les œuvres les plus valorisées de Matisse
Les peintures sur toile ou sur panneau de Henri Matisse figurent parmi les œuvres les plus cotées de l’artiste. Leur valeur dépend de plusieurs facteurs : la période (les toiles fauves des années 1905-1910 sont particulièrement recherchées), le sujet (nus, intérieurs, paysages, portraits) et les dimensions.
- Petite huile figurative : entre 80 000 € et 400 000 €
- Toile de grand format, période fauve ou Nice : entre 1 million € et plus de 20 millions €
Les scènes d’intérieur aux couleurs vives, les modèles féminins et les compositions orientalisantes issues de son séjour niçois ont une cote soutenue.
Dessins et œuvres sur papier : un marché accessible mais dynamique
Henri Matisse est également un immense dessinateur. Il a produit de nombreux dessins au fusain, à la pierre noire ou à l’encre, souvent réalisés d’un trait sûr et épuré. La série des « dessins de linéaire » (années 1930-1940) et les portraits féminins stylisés sont très recherchés.
- Petit dessin simple (tête, main) : entre 5 000 € et 15 000 €
- Dessin plus complexe, signé, de belle provenance : entre 20 000 € et 120 000 €
La qualité du trait, la date, la signature et la provenance influencent directement l’estimation. Un dessin issu d’un carnet, même modeste, peut valoir plusieurs milliers d’euros.
Gouaches découpées : des œuvres emblématiques et très cotées
Les gouaches découpées, réalisées principalement après 1943, sont parmi les œuvres les plus iconiques et recherchées de Matisse. Leur fraîcheur, leur modernité et leur rareté sur le marché expliquent des prix élevés.
- Petite gouache découpée originale : de 200 000 € à 1 million €
- Grande composition majeure : plusieurs millions d’euros
Attention à la distinction entre œuvres originales et lithographies postérieures inspirées de ces compositions.
Estampes, lithographies et aquatintes : un marché large et structuré
Matisse a produit de nombreuses estampes, eaux-fortes, lithographies et aquatintes. Ces éditions limitées, parfois signées, séduisent un public plus large. Le prix varie selon la date, la qualité de l’impression, la signature et le tirage.
- Estampe en noir et blanc non signée : 800 € à 2 000 €
- Estampe signée et numérotée : 3 000 € à 15 000 €
- Série complète ou portfolio illustré (ex. : *Jazz*) : plusieurs dizaines de milliers d’euros
Les suites illustrées comme *Poésies de Mallarmé* ou *Pasiphaé* ont une cote bien établie.
Sculptures : une production rare, très prisée
Moins connu pour sa sculpture, Henri Matisse a pourtant réalisé plusieurs modèles en bronze, principalement dans les années 1910-1930. Ce sont souvent des figures féminines, debout ou assises, traduisant en trois dimensions son goût du volume et du rythme.
- Bronze de petite taille, tiré en série : entre 40 000 € et 150 000 €
- Sculpture importante, numérotée et bien documentée : jusqu’à 600 000 €
Le tirage, l’authenticité, la fonte et la documentation conditionnent la valeur. Ces œuvres passent rarement en vente.
Tableau récapitulatif : estimation des œuvres de Matisse par type
| Type d’œuvre | Fourchette de prix estimative | Commentaires |
|---|---|---|
| Peinture sur toile | 80 000 € à +20 M € | Marché très haut, surtout pour les œuvres fauves et les intérieurs niçois |
| Dessin à l’encre ou au fusain | 5 000 € à 120 000 € | Les dessins signés, bien datés, ont une valeur forte |
| Gouache découpée | 200 000 € à plusieurs millions € | Très rares et très recherchées |
| Estampe (lithographie, eau-forte…) | 800 € à 15 000 € | Grand écart selon signature et tirage |
| Sculpture | 40 000 € à 600 000 € | Bronzes rares, très cotés |
Henri Matisse (1869–1954) : Biographie complète et contexte historique
Une jeunesse académique et une révélation tardive
Henri Émile Benoît Matisse naît le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis, dans le Nord de la France. Il grandit dans une famille bourgeoise aisée et entame d’abord des études de droit à Paris. C’est à 21 ans, durant une convalescence, qu’il découvre la peinture et décide de changer de voie. Cette révélation est décisive : il commence à prendre des cours à l’Académie Julian, puis entre à l’École des Beaux-Arts en 1892, dans l’atelier de Gustave Moreau.
À cette époque, Matisse est encore très académique dans sa manière de peindre, influencé par Ingres et les grands maîtres classiques. Il découvre ensuite les impressionnistes, puis l’œuvre de Cézanne, qui bouleverse sa conception de l’espace pictural. Il entame un chemin vers l’émancipation du dessin et de la couleur.
Le fauvisme : explosion de couleurs et affirmation d’un style
En 1905, au Salon d’Automne, Matisse expose aux côtés d’André Derain, Vlaminck et d’autres jeunes peintres. Le critique Louis Vauxcelles les surnomme les « fauves » (les bêtes sauvages) à cause de l’intensité de leurs couleurs. Ce mouvement éphémère mais marquant propulse Matisse sur le devant de la scène.
Sa toile *La Femme au chapeau*, aux tons violemment contrastés, fait scandale. Le fauvisme, loin d’une simple provocation, marque l’engagement de Matisse vers un art libéré de la réalité, guidé par la sensation et l’émotion.
Voyages et maturité stylistique
Entre 1906 et 1913, Matisse voyage intensément : Algérie, Italie, Espagne, Maroc, Russie. Ces voyages nourrissent son goût pour la lumière, les textiles, les motifs décoratifs et les atmosphères orientales. Il s’installe à Nice en 1917, dans le sud de la France, où il développe un style plus calme, sensuel et raffiné.
Durant cette période niçoise, il peint de nombreux nus féminins alanguis, souvent dans des intérieurs ornés de tapis, de rideaux et de plantes. Ces tableaux séduisent les collectionneurs et consolident sa renommée.
La période Vence et les gouaches découpées
Dans les années 1940, affaibli par la maladie et contraint à rester alité, Matisse réinvente encore son art. Il développe la technique des gouaches découpées, où des papiers peints à la gouache sont découpés et assemblés pour former des compositions dynamiques.
Ce travail aboutira à l’un de ses chefs-d’œuvre : *Jazz* (1947), un livre illustré par des gouaches découpées aux formes vibrantes. Cette technique, à la fois radicale et joyeuse, influence toute une génération d’artistes abstraits.
La Chapelle du Rosaire de Vence : testament spirituel
Entre 1948 et 1951, Matisse conçoit la Chapelle du Rosaire pour les Dominicaines de Vence. Il conçoit l’architecture, les vitraux, les ornements liturgiques, les céramiques… Une œuvre totale, qu’il considère comme l’aboutissement de sa vie d’artiste. Il déclare alors : « Cette œuvre m’a demandé quatre ans de travail assidu, elle est le fruit de toute ma vie active. »
Mort et postérité
Henri Matisse meurt à Nice le 3 novembre 1954, à l’âge de 84 ans. Son œuvre immense, qui couvre la peinture, la sculpture, le dessin et les arts décoratifs, a marqué profondément l’art moderne. À la fois maître de la couleur et poète de la ligne, Matisse a inspiré les plus grands : Picasso, Ellsworth Kelly, David Hockney, et tant d’autres.
Ses œuvres sont aujourd’hui présentes dans les plus grandes collections muséales et privées. Le marché de l’art reflète cette reconnaissance mondiale, avec des prix qui ne cessent de croître pour ses œuvres emblématiques.
