Vous vous interrogez sur la valeur d’une œuvre de Jean Fautrier (1898‑1964) ? Artiste phare de l’art informel et de la matière, sa production couvre dessins, peintures et sculptures marquées par une intensité expressive unique. Comprendre la cote de Fautrier, ses techniques, supports et fourchettes de prix est essentiel pour tout collectionneur ou curieux. Voici un guide clair et complet pour en savoir plus…

Cote, valeur et estimation des œuvres de Jean Fautrier (1898‑1964)

Les œuvres de Jean Fautrier fascinent par leur matérialité expressive et leur présence visuelle. Dessins, peintures, reliefs ou sculptures témoignent d’un univers marqué par l’École de Paris, la liberté de la matière et l’expression brutale du monde. Comment se constitue leur valeur aujourd’hui ? Quelles sont les fourchettes de prix réalistes ? Et comment obtenir une estimation fiable ? Ce guide vous offre tous les repères.

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Facteurs déterminants de la valeur

  • Authenticité et signature : pièces signées ou reconnues par les experts valent davantage.
  • Année et période : les œuvres des années 1940‑1950 (métaphores de la matière, post‑guerre) suscitent généralement plus d’engouement.
  • Support et technique : chaque support (peinture, relief, dessin) a un marché spécifique.
  • État de conservation : plus l’œuvre est bien conservée, plus sa valeur monte, surtout pour les reliefs souvent fragiles.

Supports et techniques – fourchettes de prix estimatives

Peintures (huile, gouache, acrylique sur toile ou panneau)

Les peintures de Fautrier – souvent abstraites, chargées de matière – sont prisées pour leur densité visuelle. Les formats modestes (40 × 30 cm) peuvent commencer autour de 8 000 à 15 000 €, tandis que les grandes toiles expressives (80 × 60 cm et plus) atteignent généralement entre 30 000 et 100 000 €, voire davantage pour des compositions majeures.

Reliefs et bas‑reliefs (technique “matière”, plâtre, tôle peinte)

Les reliefs de Jean Fautrier incarnent sa singularité plastique. On trouve des pièces modestes dès 15 000 €, mais les grands reliefs plus complexes s’échangent entre 50 000 et 150 000 €. Les créations les plus emblématiques et en excellent état peuvent dépasser ces montants.

Dessins, gouaches, aquarelles sur papier

Ses travaux sur papier révèlent souvent une écriture spontanée mais puissante. Les petits formats (20 × 15 cm) commencent à environ 3 000 €, les pièces de taille moyenne (50 × 40 cm) fourchette de 8 000 à 25 000 €, voire jusqu’à 40 000 € pour des œuvres signées et exceptionnellement composées.

Sculptures en plâtre ou bronze (moins fréquentes)

Bien que Fautrier soit surtout connu pour ses reliefs et peintures, quelques sculptures existent. Les petits modèles en plâtre peuvent quant à eux se situer entre 10 000 et 30 000 €. Les versions bronzes, plus rares, peuvent atteindre entre 40 000 et 80 000 €, selon provenance et état.

Tableau récapitulatif

Type d’œuvre Plage de prix estimative
Peinture (toile/panneau) 8 000 € – 100 000 €+
Relief / bas‑relief 15 000 € – 150 000 €+
Dessin / gouache sur papier 3 000 € – 40 000 €
Sculpture (plâtre / bronze) 10 000 € – 80 000 €

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Biographie complète et détaillée de Jean Fautrier (1898‑1964)

Jean Fautrier naît le 16 décembre 1898 à Paris, dans un environnement littéraire et artistique. Il étudie au Lycée Condorcet, puis à l’École des Arts décoratifs de Paris, avant d’entamer une carrière artistique dans un contexte marqué par les bouleversements politiques et artistiques du début du XXᵉ siècle.

Jean Fautrier naît le 16 décembre 1898 à Paris. Après la mort de son père, il part vivre à Londres avec sa mère. Il y intègre brièvement la Royal Academy, qu’il quitte rapidement, préférant travailler seul au British Museum, étudiant les maîtres anciens et la gravure. Dès cette époque, il développe une sensibilité singulière pour la matière et la texture.

De retour à Paris dans les années 1920, Fautrier s’installe à Montparnasse, fréquentant les milieux artistiques de l’École de Paris. Ses premières œuvres sont figuratives, influencées par l’expressionnisme et la peinture sombre de Georges Rouault. Il s’attache à représenter des corps humains massifs, des visages tragiques, souvent avec une charge émotionnelle intense. Ces compositions annoncent déjà son goût pour l’expression brute et la recherche de vérité plastique.

Dans les années 1930, Fautrier produit également des paysages et des natures mortes. Il développe une technique au fusain et à la gouache qui le rend reconnaissable, avec des contrastes marqués, des aplats brumeux et une attention aux effets de matière. Il est hospitalisé à plusieurs reprises pour des troubles de santé mentale, notamment à Châtenay-Malabry, expérience qui nourrira profondément son rapport à la souffrance, au silence, à l’intériorité.

Durant la Seconde Guerre mondiale, sa carrière prend un tournant majeur. En 1943, à la suite d’une arrestation par la Gestapo puis de son internement à l’hôpital Sainte-Anne, il crée les célèbres Otages, une série poignante de bas-reliefs en plâtre coloré, inspirés par les exécutions de résistants français. Les Otages traduisent avec violence, pudeur et abstraction la brutalité des événements. Ces œuvres bouleversantes marquent l’histoire de l’art moderne par leur capacité à évoquer l’horreur sans image narrative.

Après-guerre, Fautrier approfondit son travail sur la matière. Il développe des compositions faites de papiers marouflés, de pigments mêlés au plâtre, de formes simplifiées. L’abstraction devient chez lui une métaphore sensorielle. Il collabore brièvement avec l’écrivain Francis Ponge, qui le soutient dans sa recherche d’une poésie des objets et de la texture. En 1957, il reçoit le grand prix de peinture à la Biennale de Venise, consacrant son importance sur la scène artistique internationale.

Dans les années 1950-60, Fautrier continue de travailler à l’écart des modes, réalisant des œuvres aux titres allusifs — Les Têtes, Les Nus, Les Partisans — qui mêlent mémoire, abstraction et figuration fantomatique. Il produit également quelques sculptures et poursuit ses recherches sur papier. La sobriété expressive, la rugosité contrôlée, la palette sourde et la puissance plastique de ses œuvres influencent profondément les générations suivantes d’artistes, notamment dans le champ de l’art informel et de l’abstraction lyrique.

Jean Fautrier décède le 21 juillet 1964 à Châtenay-Malabry. Son œuvre, longtemps confidentielle, bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance internationale. Elle est exposée dans de nombreux musées d’art moderne en Europe et au Japon. Représentant d’un art de la résistance intérieure, du silence et de la densité émotionnelle, Fautrier apparaît comme une figure majeure du XXe siècle, à la croisée de l’humanisme et de la modernité formelle.

Sa postérité se mesure tant par la cote soutenue de ses œuvres que par son influence sur la notion de “matière expressive”. De Dubuffet à Tàpies, nombreux sont les artistes à reconnaître en Fautrier un pionnier de la forme habitée, où le support devient une peau, une surface sensible chargée de mémoire.