Vous possédez une tapisserie ou un dessin de Jean Picart le Doux et souhaitez en connaître la valeur ? Cet artiste du XXᵉ siècle, célèbre pour ses compositions décoratives et poétiques, est très recherché dans certaines spécialités. Découvrez dans ce guide comment se détermine la cote de ses œuvres et à quels prix elles peuvent être vendues aujourd’hui.

Cote, valeur et estimation des œuvres de Jean Picart le Doux (1902-1982)

Jean Picart le Doux fut l’un des acteurs majeurs du renouveau de la tapisserie en France au XXᵉ siècle. Son œuvre prolifique s’étend aussi au dessin, à l’illustration et à la peinture décorative. Si la tapisserie demeure son domaine de prédilection, ses œuvres sur papier trouvent également preneurs sur le marché de l’art. La reconnaissance croissante pour l’art textile et les arts décoratifs du XXᵉ siècle entraîne une réévaluation de sa cote.

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Une cote portée par le renouveau de la tapisserie moderne

La cote de Jean Picart le Doux bénéficie de l’intérêt croissant pour la tapisserie d’art d’après-guerre. Artiste phare de la « Seconde École d’Aubusson », il participa à repositionner la tapisserie comme un art autonome, au même titre que la peinture. Grâce à une esthétique immédiatement reconnaissable – lignes pures, formes stylisées, couleurs profondes – ses œuvres séduisent un public de collectionneurs d’arts décoratifs, d’architecture intérieure et de design d’après-guerre.

Quels types d’œuvres Jean Picart le Doux a-t-il créés ?

Tapisseries (Aubusson, Beauvais, etc.)

La tapisserie est le médium principal de Jean Picart le Doux. Il a collaboré avec les ateliers d’Aubusson et de Beauvais pour produire des modèles aux formats variés, souvent en laine, parfois en soie. Ces œuvres, parfois signées dans le tissage, parfois éditées en plusieurs exemplaires, constituent l’essentiel de sa cote.

  • Tapisseries de petit format (inférieures à 1 m²) : entre 1 000 € et 3 000 € selon le sujet et la qualité d’exécution.
  • Tapisseries moyennes (entre 1 m² et 3 m²) : entre 3 000 € et 8 000 €.
  • Grandes tapisseries monumentales : entre 8 000 € et 25 000 €, voire plus pour les pièces exceptionnelles (commandes publiques, provenance prestigieuse).

Dessins préparatoires et gouaches

Avant chaque tapisserie, Jean Picart le Doux réalisait un carton ou un dessin préparatoire, souvent à la gouache ou à l’encre. Ces œuvres sur papier, très décoratives et fidèles à son style épuré, sont également recherchées.

  • Gouaches originales signées : entre 800 € et 2 000 € selon le format.
  • Dessins à l’encre ou au crayon : entre 400 € et 1 200 €.

Illustrations et estampes

Jean Picart le Doux illustra plusieurs ouvrages dans les années 1940-1960. Les illustrations originales ou les tirages en édition limitée sont encore abordables, mais appréciés des bibliophiles et collectionneurs d’art graphique.

  • Illustrations originales : entre 500 € et 1 500 €.
  • Estampes numérotées : entre 200 € et 600 €.

Peintures décoratives et panneaux muraux

Plus rares sur le marché, ses peintures décoratives de grand format ou ses panneaux peints pour des décors d’intérieur ou de théâtre peuvent atteindre des prix plus élevés, notamment lorsqu’ils sont bien documentés.

  • Panneaux peints ou compositions murales : entre 5 000 € et 15 000 € selon la provenance et le contexte d’exécution.

Quels critères influencent la valeur d’un Jean Picart le Doux ?

Plusieurs éléments peuvent fortement impacter l’estimation d’une œuvre :

  • La qualité d’exécution : tapisserie d’atelier reconnue, bon état de conservation, richesse des couleurs.
  • Le sujet : certaines thématiques (bestiaire stylisé, nature, cosmogonies) sont plus recherchées.
  • La provenance : œuvres issues de commandes institutionnelles ou collections prestigieuses bénéficient d’un attrait accru.
  • L’état de conservation : en particulier pour les tapisseries, les altérations dues à la lumière ou à l’humidité peuvent impacter la valeur.

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Jean Picart le Doux (1902-1982) : Un maître de la tapisserie moderne

Une formation d’illustrateur dans la tradition de l’art décoratif

Né à Paris en 1902, Jean Picart le Doux est le fils du peintre Charles Picart le Doux. Il grandit dans un environnement artistique, nourri par les courants de l’Art nouveau, du symbolisme et des arts décoratifs. Il étudie à l’École des Arts décoratifs, où il se forme à l’illustration, à la composition graphique et au dessin ornemental. Il débute sa carrière dans les années 1920 comme illustrateur et décorateur, réalisant des projets pour le théâtre, la mode et l’édition.

Des débuts dans le monde du livre et du décor

Dans les années 1930, Jean Picart le Doux collabore à des ouvrages illustrés, créant des images raffinées et stylisées, inspirées de la tradition symboliste et médiévale. Son trait fin, ses compositions équilibrées et son goût des formes stylisées en font un artiste remarqué dans le domaine du livre d’art. Il conçoit aussi des décors pour des pièces de théâtre et des ballets, où il développe un sens de la scénographie qu’il appliquera plus tard à ses grandes tapisseries murales.

L’après-guerre : une reconquête de la tapisserie française

À partir de 1943, il s’oriente vers la tapisserie, dans un contexte de renaissance de cet art séculaire. La tapisserie, autrefois reléguée au rang d’art décoratif, devient alors un champ d’expérimentation pour de nombreux artistes modernes. Encouragé par Jean Lurçat, avec qui il partage une même vision de la tapisserie comme art mural, Jean Picart le Doux s’impose rapidement comme l’un des chefs de file de cette « Seconde École d’Aubusson ».

Dans cette optique, il crée de véritables œuvres plastiques destinées aux murs, refusant la simple reproduction d’œuvres peintes. Il collabore étroitement avec les lissiers pour faire de la tapisserie une œuvre autonome, au langage propre, riche en textures et en rythmes colorés.

Un langage visuel poétique et épuré

Le style de Jean Picart le Doux est immédiatement reconnaissable : silhouettes stylisées, bestiaire imaginaire, motifs végétaux ou cosmiques se déploient sur des fonds unis ou étoilés. Son inspiration puise dans les mythes, la nature, les civilisations anciennes, avec une touche de modernité qui allie rigueur géométrique et liberté décorative. Le tout est servi par une palette dense, des bleus profonds, des ors, des rouges vifs et des noirs profonds.

Une reconnaissance institutionnelle et internationale

Ses tapisseries ornent des bâtiments publics, des ambassades, des théâtres et des hôtels particuliers. Il participe aux grandes expositions internationales d’art décoratif et reçoit de nombreuses commandes d’État. Dans les années 1950-60, il devient l’un des artistes textiles les plus demandés en Europe, au Japon et en Amérique. Il est nommé président de l’Association des peintres-cartonniers de tapisserie, aux côtés de ses confrères Dom Robert, Lurçat ou Tourlière.

Il s’illustre aussi dans la création de cartons pour des vitraux, des mosaïques ou des décors muraux, renforçant son statut d’artiste décoratif total, à l’image des grands noms de l’art du XXᵉ siècle.

Dernières années et postérité

Jean Picart le Doux meurt en 1982. Si sa renommée s’efface quelque peu dans les décennies qui suivent, la redécouverte de la tapisserie d’art dans les années 2000-2010 remet en lumière son œuvre. Ses tapisseries figurent désormais dans les collections de musées d’art moderne, d’art textile et d’institutions publiques. Le marché de l’art, sensible au regain d’intérêt pour les arts décoratifs français d’après-guerre, redonne à Jean Picart le Doux une place méritée parmi les grands artistes du XXᵉ siècle.

Son œuvre, à la croisée de l’abstraction poétique et de l’art décoratif, incarne l’idée d’un art total, au service du beau, du rêve et de l’espace. Elle mérite aujourd’hui toute l’attention des collectionneurs, amateurs de textile et esthètes du monde entier.

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