Quelle est la valeur actuelle d’une œuvre de Jules Pascin ? Dessins au trait, aquarelles, huiles sur toile : chacune de ses œuvres possède une cote spécifique. Ce guide vous apporte des repères concrets sur les prix du marché, les critères de valorisation et les œuvres les plus recherchées. Nos commissaires-priseurs vous accompagnent pour estimer gratuitement votre œuvre de Jules Pascin.
Cote, valeur et estimation des œuvres de Jules Pascin (1885-1930)
Artiste inclassable, à la croisée des écoles expressionnistes et de la bohème parisienne, Jules Pascin a laissé une œuvre sensible, parfois érotique, souvent intimiste. Très actif dans le Paris de Montparnasse, son trait fluide et ses compositions délicates continuent de séduire les collectionneurs. Les dessins et peintures de Pascin sont régulièrement présentés en ventes publiques, avec des résultats très variables selon le sujet, la technique et la provenance.
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Une cote portée par le dessin et la figure féminine
La cote de Jules Pascin repose en grande partie sur ses dessins et aquarelles, dont le style immédiatement reconnaissable est apprécié tant pour sa légèreté que pour sa sensualité. Les sujets de femmes nues ou partiellement vêtues, les scènes d’intimité, ou encore les figures d’enfants ou de musiciens figurent parmi les plus recherchés. Ses œuvres sur toile, plus rares, atteignent quant à elles des montants bien plus élevés, notamment lorsqu’elles sont bien datées et documentées.
Dessins à l’encre ou au crayon
Les dessins de Jules Pascin, très nombreux, sont exécutés à la plume, à l’encre brune ou noire, ou encore au crayon graphite. Leur format varie, tout comme leur degré de finition. Les œuvres les plus simples, souvent issues de carnets, peuvent se vendre entre 800 € et 2 000 €. En revanche, les dessins plus aboutis représentant des femmes nues, datés et signés, atteignent facilement 4 000 € à 10 000 €. Une composition de qualité muséale peut dépasser les 15 000 €.
Aquarelles et techniques mixtes
Pascin affectionnait aussi les aquarelles, parfois combinées à l’encre ou au lavis. Celles-ci présentent une touche plus picturale tout en conservant la légèreté du dessin. Les estimations varient généralement entre 5 000 € et 20 000 €, selon la rareté du sujet, la composition, la dimension et l’état de conservation. Les œuvres érotiques ou symboliques bénéficient souvent d’une demande soutenue.
Peintures à l’huile sur toile ou sur carton
Les toiles de Jules Pascin sont bien plus rares sur le marché que ses œuvres sur papier. Leur valeur est nettement supérieure. Une huile de petit format peut être estimée entre 20 000 € et 60 000 €. Les grandes compositions ou celles issues de périodes phares (notamment autour de 1925-1930) dépassent parfois les 100 000 €, voire davantage pour une œuvre importante, bien référencée et en bon état. Les portraits intimes ou les scènes d’intérieur sont très recherchés.
Estampes et lithographies
Jules Pascin a réalisé quelques lithographies, souvent à destination de revues ou de publications confidentielles. Leur cote est plus modeste mais reste stable : les estimations varient entre 300 € et 1 200 €, en fonction de la rareté de la planche, de la qualité du tirage et de la présence ou non d’une signature manuscrite.
Sculpture : une production marginale
Contrairement à d’autres artistes de son époque, Jules Pascin n’a pas réellement développé de pratique sculpturale. Toute sculpture attribuée à son nom doit faire l’objet d’une vérification attentive et peut relever d’une attribution fautive. Il est donc rare, voire exceptionnel, de rencontrer une sculpture authentique de Pascin en vente.
Quels critères influencent la valeur d’une œuvre de Pascin ?
- La technique : les huiles sur toile sont les plus valorisées, suivies des aquarelles, puis des dessins.
- Le sujet : les figures féminines sensuelles, les autoportraits, ou les scènes de cabaret sont très prisés.
- La provenance : une œuvre issue d’une collection prestigieuse ou ayant figuré dans une exposition renforce sa valeur.
- L’authenticité : les faux ou attributions douteuses existent, en particulier pour les dessins.
- L’état de conservation : les œuvres sur papier sont particulièrement sensibles à la lumière, à l’humidité et au montage.
Vous possédez une œuvre de Jules Pascin ? Faites-la estimer gratuitement par un commissaire-priseur.
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Jules Pascin (1885-1930) : Biographie complète d’un artiste bohème et tourmenté
Les origines d’un artiste cosmopolite
Jules Pascin, de son vrai nom Julius Mordecai Pincas, est né le 31 mars 1885 à Vidin, en Bulgarie, au sein d’une famille juive sépharade aisée. Il passe sa jeunesse dans l’Empire austro-hongrois, à Vienne puis à Budapest. Très tôt attiré par le dessin, il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Munich. Il y fréquente les milieux avant-gardistes et collabore dès 1905 à des revues satiriques, notamment Simplicissimus, pour lesquelles il réalise des dessins au ton irrévérencieux, proches du style de George Grosz ou d’Otto Dix.
Installation à Paris : la bohème de Montparnasse
En 1905, il s’installe à Paris, alors capitale mondiale de l’art. Il adopte le pseudonyme de Jules Pascin pour se détacher de son nom d’origine. Très vite, il s’immerge dans le quartier de Montparnasse, où il fréquente les cafés d’artistes, les bordels, les cabarets, et les ateliers où se côtoient Modigliani, Soutine, Foujita ou encore Kisling. Pascin devient une figure familière, tant pour sa sociabilité que pour ses excès. Il mène une vie nocturne intense, marquée par l’alcool et les relations passionnelles.
Un style entre dessin libre et sensualité maîtrisée
Jules Pascin développe un style très personnel, reconnaissable par son trait souple, ses figures longilignes, et la finesse de ses contours. Il aime représenter des scènes intimes, souvent teintées d’érotisme, mais jamais vulgaires. Ses personnages féminins sont mélancoliques, parfois rêveurs, souvent lascifs, mais empreints de douceur. Il travaille rapidement, d’un geste sûr, ce qui lui permet une production abondante, en particulier de dessins.
Ses œuvres s’inscrivent dans une veine expressionniste tempérée, avec une touche de classicisme et de délicatesse. Il s’éloigne de l’abstraction dominante à cette époque pour explorer l’intériorité de ses modèles. Pascin était profondément attaché à l’humain, à la fragilité des êtres, ce qui transparaît dans toute sa production.
Un exil américain durant la guerre
Durant la Première Guerre mondiale, pour éviter la mobilisation austro-hongroise, Pascin quitte la France et s’installe aux États-Unis en 1914. Il y reste près de cinq ans. Il vit principalement à New York, où il fréquente la scène artistique locale, enseigne, et expose. Ce séjour américain est important dans sa carrière : il y approfondit son art et trouve un certain succès commercial. Néanmoins, il revient en France dès 1920, nostalgique du Paris bohème.
Le retour en France et les années de reconnaissance
Dans l’entre-deux-guerres, Pascin est une figure centrale de la vie artistique parisienne. Il expose régulièrement, notamment au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne. Son atelier devient un lieu de passage obligé. Il noue une relation longue avec Hermine David, artiste peintre qu’il épousera finalement en 1918.
Malgré le succès, Pascin est miné par des crises dépressives, aggravées par l’alcoolisme. Il continue à peindre et dessiner, mais sa santé mentale se dégrade. Le 2 juin 1930, il se suicide dans son atelier de Montmartre en se tranchant les poignets avant de se pendre. Sur le mur, il laisse un dernier message à Hermine David et à ses amis artistes.
Héritage artistique et postérité
Après sa mort, Jules Pascin reste dans les mémoires comme un symbole de la bohème parisienne. Ses œuvres sont présentes dans les grandes collections publiques et privées, et continuent d’être régulièrement présentées sur le marché. Il est souvent qualifié de “Prince de Montparnasse”, incarnation d’un Paris disparu, entre élégance décadente et sensibilité moderne.
Ses dessins et peintures fascinent encore aujourd’hui pour leur capacité à capter l’intimité des corps et des âmes, sans jamais tomber dans la vulgarité. Sa vie brève, intense et tourmentée, contribue à nourrir le mythe Pascin.
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