Vous possédez un meuble ou un dessin signé Louis Majorelle ? Que vaut aujourd’hui une œuvre de cet emblème de l’Art nouveau ? Marqueterie, bronze, esquisse ou mobilier complet : la cote varie selon les techniques et les modèles. Ce guide vous apporte un éclairage complet sur les prix du marché et les critères d’estimation. Faites expertiser votre œuvre gratuitement grâce à un commissaire-priseur.
Cote, valeur et estimation des œuvres de Louis Majorelle (1859-1926)
Louis Majorelle est l’un des plus grands noms du mobilier Art nouveau. Membre fondateur de l’École de Nancy, il a marqué l’histoire des arts décoratifs français par ses meubles naturalistes mêlant bois précieux, marqueterie florale et bronzes ciselés. Aujourd’hui, ses créations sont recherchées par les collectionneurs du monde entier, et les prix peuvent atteindre des sommets selon la rareté, l’état et la provenance des œuvres.
Faites estimer gratuitement une œuvre de Louis Majorelle via notre formulaire en ligne.
Mobilier Art nouveau : le cœur du marché Majorelle
La grande majorité des œuvres de Louis Majorelle accessibles aujourd’hui relèvent du mobilier. Tables, fauteuils, commodes, bureaux, encoignures ou lits sculptés constituent le cœur de sa production et donc de sa cote actuelle.
- Tables en acajou, noyer ou palissandre : entre 3 000 € et 15 000 € selon la complexité de la marqueterie.
- Commodes ou meubles à hauteur d’appui : de 8 000 € à plus de 40 000 € pour les modèles décorés de bronzes et marqueteries florales.
- Bureaux ou secrétaires : entre 10 000 € et 30 000 € selon l’état et la signature (Majorelle seul ou en collaboration).
- Fauteuils et chaises : de 1 500 € à 8 000 € l’unité, jusqu’à 25 000 € pour un ensemble complet de salon.
- Chambres complètes (lit, armoire, coiffeuse, chevets) : entre 30 000 € et 90 000 € pour les ensembles d’époque en bon état.
Les meubles signés de la période 1900-1910, aux lignes sinueuses et aux décors végétaux (iris, chardons, orchidées), sont particulièrement recherchés.
Bronzes et ferronneries : éléments de valeur
Majorelle accordait une grande importance aux bronzes décoratifs qui ornaient ses meubles : poignées, entrées de serrure, sabots de pieds, lampes et appliques. Réalisés avec finesse, ces bronzes sont parfois signés séparément et peuvent être estimés à part.
- Paire de poignées en bronze doré Majorelle : entre 500 € et 1 500 €.
- Appliques et lampes en bronze : entre 2 000 € et 10 000 € selon la taille et la rareté.
Œuvres sur papier : dessins, esquisses et aquarelles
Moins connues, les œuvres graphiques de Majorelle, qu’il s’agisse de dessins préparatoires ou d’aquarelles de projets décoratifs, apparaissent parfois sur le marché.
- Dessins à l’encre ou au crayon : de 400 € à 1 500 € selon le sujet et l’état.
- Aquarelles ou gouaches décoratives : entre 1 500 € et 4 000 €, surtout si elles ont servi à des projets exécutés.
Ces œuvres sont souvent appréciées pour leur intérêt documentaire, notamment lorsqu’elles permettent d’identifier des meubles aujourd’hui disparus.
Pièces exceptionnelles et collaborations
Certains meubles portent la double signature Majorelle & Daum ou Majorelle & Gallé, fruits de collaborations prestigieuses au sein de l’École de Nancy. Ces pièces hybrides, rares et très décoratives, atteignent des prix bien supérieurs.
- Meubles Majorelle & Daum (avec éléments en verre) : entre 30 000 € et 120 000 € selon l’importance de l’œuvre.
- Luminaires signés conjointement : de 8 000 € à 40 000 €.
Critères déterminants pour l’estimation d’un meuble de Louis Majorelle
- Authenticité : signature gravée ou estampillée, documentation, provenance.
- État de conservation : un meuble restauré dans les règles peut conserver une belle cote, mais un meuble modifié ou repeint voit sa valeur baisser.
- Rareté du modèle : les séries courantes sont moins cotées que les pièces uniques ou prototypes.
- Qualité des matériaux : bois exotiques, marqueteries d’essences multiples, bronzes ciselés.
Louis Majorelle (1859-1926) : Maître du mobilier Art nouveau et figure de l’École de Nancy
Une jeunesse entre Nancy et Paris
Louis Majorelle naît le 26 septembre 1859 à Toul, en Meurthe-et-Moselle. Il grandit dans un univers propice à la création : son père, Auguste Majorelle, est ébéniste et fabricant de meubles à Nancy. En 1877, Louis entre à l’École des Beaux-Arts de Paris pour y suivre des cours de peinture, influencé par l’art académique et l’enseignement de l’atelier Cabanel. Mais la mort prématurée de son père en 1879 interrompt sa formation : Louis revient à Nancy pour reprendre la direction de l’entreprise familiale.
Des débuts classiques à l’invention d’un style
À ses débuts, Majorelle perpétue les styles traditionnels du mobilier français, notamment Louis XV et Louis XVI. Mais à partir des années 1890, influencé par les mouvements modernistes et par les formes organiques issues de la nature, il entame une révolution formelle. Ses meubles adoptent des lignes courbes, des inspirations florales, et une ornementation subtile, en rupture avec les styles historicistes.
Le tournant décisif intervient vers 1895, lorsque Majorelle commence à signer ses meubles de manière plus systématique. Il installe également des ferronneries d’art dans ses créations, intégrant progressivement bronze et marqueterie florale à ses compositions. Son style devient immédiatement reconnaissable.
Un pilier de l’École de Nancy
Majorelle joue un rôle central dans la fondation de l’École de Nancy en 1901, aux côtés d’Émile Gallé, Antonin Daum, Jacques Gruber ou encore Victor Prouvé. Cette alliance d’artistes, d’artisans et d’industriels œuvre à promouvoir un art décoratif inspiré par la nature et ancré dans l’esthétique Art nouveau. Majorelle en devient vice-président et contribue activement à la diffusion de ce style en France et à l’étranger.
Dans son atelier de Nancy, il emploie jusqu’à 250 ouvriers, et produit du mobilier de prestige, des luminaires, des objets décoratifs, ainsi que des aménagements d’intérieurs complets pour des hôtels particuliers, des salons de thé ou des expositions universelles.
Des collaborations fécondes et prestigieuses
À la croisée des arts décoratifs, Majorelle collabore avec de nombreux artistes verriers et décorateurs. Ses meubles intègrent souvent des éléments en verre soufflé ou gravé par Daum, ou des décors peints signés Gruber ou Prouvé. Ces synergies entre techniques et disciplines font toute la richesse du mobilier Art nouveau.
Des commandes prestigieuses et une renommée internationale
Louis Majorelle participe à plusieurs expositions majeures, dont l’Exposition universelle de Paris en 1900, où ses créations rencontrent un vif succès. Ses meubles ornent des ambassades, des hôtels particuliers et des résidences de luxe. Il fournit notamment le mobilier du célèbre salon de thé parisien « L’Art Nouveau » de Siegfried Bing.
Après un incendie en 1916 qui détruit son usine, Majorelle se relève avec courage et adapte sa production aux nouvelles tendances de l’Art déco, simplifiant les lignes tout en conservant la qualité d’exécution. Il meurt à Nancy en 1926, laissant un héritage majeur dans l’histoire des arts décoratifs français.
Un héritage durable et une redécouverte du marché
Louis Majorelle reste l’un des artistes décorateurs les plus emblématiques de l’Art nouveau français. Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans de grands musées (Musée de l’École de Nancy, Musée d’Orsay, Musée des Arts décoratifs) et très recherchées par les collectionneurs internationaux. Redécouvert dès les années 1980, son mobilier a connu une revalorisation progressive et durable sur le marché de l’art.
Majorelle symbolise l’alliance entre fonctionnalité, raffinement ornemental et inspiration végétale. Il incarne à lui seul l’élégance naturaliste de l’Art nouveau lorrain.