Possédez-vous une œuvre de Mai-Thu (1906-1980) et vous vous interrogez sur sa valeur ? Dessin sur soie, peinture à l’encre ou composition religieuse : chaque support possède sa propre cote. Cette page vous livre les clés pour comprendre les fourchettes de prix du marché, les critères d’expertise et l’intérêt croissant que suscite l’artiste.
Cote, valeur et estimation des œuvres de Mai-Thu (1906-1980)
Les œuvres de Mai-Thu, artiste vietnamien formé à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, connaissent un regain d’intérêt sur le marché de l’art international, notamment pour les peintures sur soie, mélange de tradition asiatique et d’influences françaises. Sa cote s’est envolée au cours de la dernière décennie, portée par une revalorisation de la modernité vietnamienne du XXe siècle.
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Les peintures sur soie : la technique la plus recherchée
La grande majorité des œuvres de Mai-Thu sont des peintures à l’encre et aux couleurs minérales sur soie. Il maîtrise parfaitement cette technique raffinée, qu’il associe à une représentation délicate de la vie vietnamienne : scènes de famille, mères et enfants, musiciens, rituels religieux.
Les estimations pour une peinture sur soie de Mai-Thu dépendent de plusieurs facteurs : l’état de conservation, la présence d’inscriptions calligraphiées, la qualité picturale, le sujet représenté et les dimensions.
- Petite composition (env. 20 x 30 cm) : 6 000 € et plus
- Format moyen (30 x 45 cm) : 12 000 à 25 000 €
- Grand format (>60 cm ou composition complexe) : 35 000 à 80 000 €
Les dessins et esquisses
Moins fréquents, les dessins réalisés à l’encre ou au crayon sur papier ont souvent un caractère préparatoire. Leur valeur est généralement inférieure aux œuvres sur soie, mais ils attirent les collectionneurs soucieux de documenter la genèse des œuvres.
- Étude simple ou croquis : 800 à 2 000 €
- Dessin abouti, signé et daté : 3 000 à 5 000 €
Les rares sculptures de Mai-Thu
Quelques sculptures en bois ou plâtre existent, bien que très rares. Leur rareté accroît leur intérêt et leur valeur auprès des collectionneurs spécialisés.
- Sculpture authentifiée : 7 000 à 20 000 €
Critères d’évaluation d’une œuvre de Mai-Thu
- Authenticité : signature, sceau et éventuelles inscriptions calligraphiées sont essentiels.
- Provenance : une œuvre restée en France depuis les années 1930-1950 aura une valeur muséale plus forte.
- État de conservation : la soie est fragile ; les restaurations mal maîtrisées peuvent faire chuter la valeur.
- Sujet : scènes musicales, maternités et scènes religieuses sont particulièrement recherchées.
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Mai-Thu (1906-1980) : Un parcours entre tradition vietnamienne et modernité française
Les années de formation : Hanoi et l’École des Beaux-Arts de l’Indochine
Mai Trung Thu, dit Mai-Thu, naît en 1906 à Hai Duong, au nord du Vietnam. Il intègre la première promotion de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, fondée en 1925 à Hanoï par Victor Tardieu et Nam Son. L’école marie les techniques académiques occidentales à l’esprit artistique asiatique. Si Mai-Thu y découvre la peinture à l’huile et les principes de la perspective, il se tourne rapidement vers des techniques traditionnelles vietnamiennes telles que la peinture sur soie, qui deviendra son médium de prédilection.
Le départ pour la France et l’installation à Paris
Diplômé en 1930, il s’installe à Paris l’année suivante à l’occasion de l’Exposition coloniale internationale. Dès lors, il décide de vivre en France, rejoignant une communauté d’artistes vietnamiens tels que Le Pho, Vu Cao Dam et Tran Van Can. Très vite, il développe un style personnel, mêlant raffinement oriental et exigence plastique occidentale.
Un art de la contemplation et du souvenir
Les thèmes récurrents de Mai-Thu sont ceux de la vie quotidienne vietnamienne, de la spiritualité, de la musique et de la maternité. Il peint des femmes en longues robes traditionnelles (ao dai), des enfants attentifs, des musiciens en pleine répétition. Chaque scène est empreinte de silence, de douceur et de méditation. Les couleurs sont posées avec délicatesse, dans une palette sobre : ocres, verts pâles, beiges et rouges atténués.
Il inscrit parfois des poèmes en vietnamien, calligraphiés à l’encre, dans ses compositions, ajoutant à ses tableaux une dimension littéraire et émotionnelle. Le format vertical, la stylisation des personnages et la symétrie des compositions évoquent les rouleaux traditionnels d’Asie de l’Est.
Un artiste entre deux cultures
Mai-Thu incarne une synthèse artistique réussie entre l’Orient et l’Occident. Vivant à Paris mais profondément ancré dans la mémoire vietnamienne, il ne cessa jamais de représenter son pays natal. Il n’adopta jamais les avant-gardes européennes, préférant affirmer une forme de modernité enracinée dans les valeurs asiatiques : harmonie, piété filiale, simplicité.
Carrière, expositions et reconnaissance
Tout au long de sa carrière, Mai-Thu exposa régulièrement en France et à l’étranger. Ses œuvres furent présentées dans des salons parisiens, dans des expositions personnelles ou collectives, mais également à Genève, Rome ou Tokyo. Son travail trouva un public fidèle auprès des amateurs d’art asiatique et des intellectuels sensibles à son esthétique subtile.
À partir des années 1960, l’intérêt pour son œuvre se renforce, notamment dans les milieux vietnamiens expatriés. Il participe activement à la valorisation de la culture vietnamienne en Europe, se faisant parfois l’ambassadeur artistique de son pays.
Décès et redécouverte
Mai-Thu décède à Clichy en 1980. Longtemps discret, son nom est aujourd’hui mis en lumière grâce à une redécouverte de l’art moderne vietnamien. Ses œuvres, autrefois modestement cotées, figurent désormais parmi les plus prisées du marché de l’art asiatique.
Un héritage artistique durable
En plus de son œuvre plastique, Mai-Thu laisse une trace profonde dans l’histoire de l’art vietnamien moderne. Il incarne une génération de pionniers qui, sans renier leurs racines, ont su bâtir un pont artistique avec l’Europe. Sa peinture reste une invitation à la contemplation, au respect des traditions et à la tendresse humaine.
