À combien s’évalue aujourd’hui une œuvre de Maqbool Fida Husain ? Peinture, dessin, estampe ou sculpture : chaque support possède une cote spécifique sur le marché international de l’art moderne. Cette page vous aide à comprendre les critères de valorisation, les tendances de prix et les œuvres les plus recherchées. Faites estimer gratuitement votre œuvre grâce à nos commissaires-priseurs spécialisés.

Cote, valeur et estimation des œuvres de Maqbool Fida Husain (1915-2011)

Considéré comme l’un des plus grands artistes indiens du XXe siècle, Maqbool Fida Husain bénéficie d’un marché international dynamique. Ses toiles colorées, son trait vif et ses représentations stylisées de scènes mythologiques, historiques ou contemporaines séduisent de nombreux collectionneurs. Si certaines de ses œuvres dépassent plusieurs centaines de milliers d’euros, d’autres, plus accessibles, circulent régulièrement en vente publique. Comment s’y retrouver ? Quels types d’œuvres de Husain existent, et à quels prix peut-on les estimer aujourd’hui ?

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Une cote soutenue par la reconnaissance internationale

Peintre autodidacte mais célébré dès les années 1950, M.F. Husain s’est imposé comme le chef de file du modernisme indien. Son style mêle narration, symbolisme, abstraction et folklore. Largement exposé à travers le monde, notamment en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis, il a vu sa cote croître fortement au fil des décennies. Cette reconnaissance internationale alimente un marché soutenu, tant en Inde qu’à l’étranger.

Peintures : les œuvres les plus cotées

Les peintures de Husain, souvent réalisées à l’huile ou à l’acrylique sur toile, constituent la part la plus importante de sa production. Elles mettent en scène chevaux, figures mythologiques, divinités hindoues ou portraits stylisés. Les formats monumentaux atteignent des sommets lors des ventes, en particulier ceux des années 1970 à 1990.

  • Peintures à l’huile sur toile : entre 80 000 € et 400 000 € pour les grands formats emblématiques.
  • Peintures à l’acrylique : entre 30 000 € et 250 000 €, selon le sujet, la période et la taille.
  • Petites huiles sur toile : à partir de 15 000 € pour les œuvres authentifiées de format modeste.

Œuvres sur papier : dessins, encres et aquarelles

M.F. Husain a produit un grand nombre de dessins, à l’encre ou au crayon, parfois rehaussés d’aquarelle. Ces œuvres sur papier, très prisées pour leur spontanéité et leur prix plus accessible, témoignent de son trait incisif et narratif.

  • Dessins à l’encre ou au crayon : entre 3 000 € et 15 000 €, selon le sujet et l’état de conservation.
  • Aquarelles ou gouaches : entre 6 000 € et 25 000 €, notamment lorsqu’elles présentent des motifs iconiques comme les chevaux ou figures féminines stylisées.

Estampes, lithographies et impressions limitées

Moins fréquentes que ses peintures et dessins, les estampes de Husain sont généralement tirées en séries limitées, souvent numérotées et signées. Leur valeur dépend de leur rareté et de leur qualité graphique.

  • Estampes signées et numérotées : entre 800 € et 5 000 €.

Sculptures : une production plus confidentielle mais recherchée

M.F. Husain a également produit des sculptures, notamment à partir des années 1990, en bronze ou en fibre de verre. Ces œuvres, plus rares, sont aujourd’hui très recherchées par les collectionneurs et les institutions, notamment en Inde et au Moyen-Orient.

  • Sculptures en bronze : entre 20 000 € et 100 000 € selon la taille, le sujet et l’édition.
  • Œuvres monumentales : certaines pièces de grande taille peuvent dépasser les 150 000 €.

Quels critères influencent la valeur d’un M.F. Husain ?

Outre le support, plusieurs facteurs conditionnent l’estimation :

  • L’authenticité : une œuvre accompagnée de certificats ou figurant dans les catalogues raisonnés sera mieux valorisée.
  • La période : les œuvres des années 1950 à 1970, plus rares et historiques, sont très recherchées.
  • La provenance : une œuvre issue d’une collection prestigieuse bénéficie d’un surcroît de valeur.
  • L’état de conservation : toute restauration ou altération peut impacter négativement l’estimation.

Vous possédez une œuvre de Maqbool Fida Husain et souhaitez connaître sa valeur actuelle sur le marché de l’art ? Contactez un commissaire-priseur pour une estimation gratuite, confidentielle et sans engagement.

Maqbool Fida Husain (1915–2011) : Biographie d’un géant de l’art moderne indien

Un autodidacte au destin hors du commun

Maqbool Fida Husain, souvent surnommé le « Picasso de l’Inde », est né le 17 septembre 1915 à Pandharpur, dans l’État du Maharashtra, en Inde britannique. Issu d’une famille musulmane modeste, il perd sa mère à l’âge de 2 ans — une absence qui hantera son imaginaire et inspirera nombre de ses œuvres représentant la figure maternelle. Très jeune, il manifeste une passion pour le dessin, qu’il développe de façon autonome, faute de moyens pour intégrer des écoles d’art prestigieuses.

En 1935, il rejoint toutefois l’école d’art Sir J.J. School of Art de Bombay, l’un des rares lieux de formation artistique en Inde coloniale. Il y apprend la peinture académique, mais son tempérament indépendant et curieux le pousse rapidement à explorer de nouveaux langages visuels. Pour vivre, il peint d’abord des affiches de cinéma à la main dans les rues de Bombay, puis réalise des décors de théâtre et des illustrations commerciales. Ce contact direct avec la culture populaire indienne nourrira sa démarche artistique tout au long de sa carrière.

Le Bombay Progressive Artists’ Group : naissance d’un modernisme indien

La véritable révolution intervient en 1947, année de l’indépendance de l’Inde, lorsqu’il rejoint le Bombay Progressive Artists’ Group fondé par Francis Newton Souza, avec les artistes S.H. Raza, H.A. Gade, K.H. Ara et S.K. Bakre. Ce collectif cherche à rompre avec les conventions esthétiques héritées de la colonisation britannique et à inventer une modernité picturale spécifiquement indienne.

Le style de Husain, immédiatement identifiable, émerge alors : figures fragmentées, lignes incisives, couleurs vives et planes, et références puisées autant dans la mythologie hindoue que dans la vie quotidienne contemporaine. Il peint Krishna, Ganesh, Gandhi, les chevaux, les femmes, la ville, la rue, le chaos et la ferveur — toujours avec une énergie brute, presque primitive, inspirée de l’art tribal, des fresques du temple d’Ajanta, de Picasso et du cubisme.

Une reconnaissance nationale et internationale

Dans les années 1950 et 1960, la renommée de Husain s’étend au-delà des frontières indiennes. Il expose à Londres, New York, Tokyo, São Paulo et Venise. Il est sélectionné pour représenter l’Inde à la Biennale de Venise (1954), puis à la Biennale de São Paulo (1971). En 1966, il reçoit la Padma Shri, haute distinction indienne, puis la Padma Bhushan (1973) et enfin la Padma Vibhushan (1991), la deuxième plus haute décoration civile du pays.

En parallèle, il explore d’autres formes : il tourne des films, conçoit des meubles, dessine des tapis, crée des fresques monumentales dans des hôtels, des ambassades, des bâtiments publics. En 1971, il expose avec Pablo Picasso aux côtés de Marc Chagall au Grand Palais à Paris. Le parallèle entre lui et Picasso deviendra récurrent, bien que Husain revendique des racines indiennes distinctes : « Je suis moderne dans ma manière, mais indien dans mon cœur », disait-il.

Des sujets iconiques : chevaux, femmes, divinités et histoire

Certains thèmes traversent toute son œuvre : les chevaux, symboles de puissance et de spiritualité, sont représentés dans une gestuelle fougueuse qui rappelle parfois les cavaliers moghols ou les représentations de l’épopée Mahabharata. Les figures féminines — mères, déesses, danseuses, épouses — sont omniprésentes, souvent stylisées, aux traits géométriques et sensuels.

Il peint aussi l’histoire indienne, avec Gandhi, Nehru, les moghols, et évoque des drames collectifs comme la partition de l’Inde. Il revisite les grandes épopées comme le Ramayana ou le Mahabharata, tout en dialoguant avec l’actualité et le cinéma. Il n’hésite pas à mêler mythes anciens et culture populaire, dans une approche narrative très personnelle.

Un artiste controversé, exilé malgré lui

Dans les années 1990 et 2000, plusieurs œuvres de Husain déclenchent la controverse en Inde. Certains groupes nationalistes hindous lui reprochent d’avoir représenté des déesses nues dans des compositions abstraites. Bien qu’il ait représenté avec respect toutes les religions (il a peint la mère de Jésus ou des scènes islamiques), il devient la cible de menaces et de plaintes judiciaires.

Face à la montée des tensions, Husain quitte l’Inde en 2006 et ne reviendra jamais. Il s’installe au Qatar, où il reçoit la nationalité qatarie en 2010. L’émirat lui commande une série monumentale de peintures retraçant l’histoire de la civilisation arabe. Malgré l’exil, il reste profondément attaché à son pays natal, qu’il continue à évoquer dans ses œuvres.

Une fin de vie honorée, une œuvre immense

M.F. Husain meurt à Londres le 9 juin 2011 à l’âge de 95 ans. Son décès suscite une vive émotion, tant en Inde qu’à l’étranger. Il laisse derrière lui plus de 40 000 œuvres : peintures, dessins, sculptures, films, tapisseries… Son style inimitable et sa trajectoire hors norme en font l’un des rares artistes indiens à avoir acquis une notoriété planétaire.

Ses œuvres figurent dans les plus grandes collections publiques et privées : musées en Inde, fondations internationales, palais et hôtels de luxe au Moyen-Orient. Il a inspiré plusieurs générations d’artistes, en Inde mais aussi dans la diaspora, et demeure un emblème du modernisme indien, à la croisée du sacré, du politique et de la poésie visuelle.

Husain et la scène artistique mondiale

Husain est l’un des premiers artistes indiens à avoir su créer un pont entre l’Inde et l’Occident. Dans ses œuvres, on perçoit aussi bien l’influence de la miniature moghole que celle du cubisme, du surréalisme ou du pop art. Cette hybridité culturelle et formelle explique en partie son succès auprès des collectionneurs européens et américains, qui ont vu en lui un artiste universel, capable de raconter l’Inde tout en parlant au monde entier.

Sa production, à la fois accessible et érudite, populaire et intellectuelle, continue d’être étudiée, exposée et vendue. Les grandes expositions rétrospectives se multiplient, tout comme les monographies, les études critiques et les thèses universitaires sur son œuvre.